Effet de mode ou véritable outil stratégique innovant : quel est l’intérêt des sciences cognitives pour l’entreprise ?
Mettons tout de suite les pieds dans le plat, les sciences cognitives ne transformeront avec aucune baguette magique ni le travail, ni les organisations, ni les collaborateurs. Tout est-il pour autant à jeter ? Nous sommes évidemment convaincus du contraire ! Mais quel est l’intérêt des sciences cognitives pour l’entreprise ?
Les sciences cognitives, qu’est-ce que c’est ?
Les sciences cognitives sont à la croisée de six disciplines : neurosciences, linguistique, anthropologie, psychologie, philosophie et intelligence artificielle. Il n’en faut pas moins pour tenter de circonscrire le plus complexe système du monde, le fonctionnement de la pensée humaine. Basée sur des preuves empiriques et des méthodologies scientifiques, le but est de faire émerger des clés et des leviers pour mieux comprendre l’humain et ses interactions sociales, environnementales et digitales.
L’approche cognitive pour l’entreprise
« Un nouvel éclairage des stratégies d’innovation, marketing, opérationnelles, managériales, de recrutement, centré sur l’humain »
Le monde du travail est en pleine restructuration pour transformer nos façons de travailler, de collaborer, repenser les stratégies de recrutement, de formation, de management. Les sciences cognitives apportent des réponses sur le fonctionnement humain et constituent un maillon innovant de cette restructuration.
En effet, l’humain est partout. Que l’on soit dirigeant, manager, collaborateur, vendeur, ingénieur, consommateur… nous sommes soumis à notre fonctionnement cognitif, émotionnel, décisionnel dans tout son pouvoir, mais également avec toutes les limites et les biais que cela représente. Le premier intérêt des sciences cognitives réside dans une meilleure intégration des biais perceptifs et cognitifs qui altèrent nos raisonnements pour mieux comprendre les comportements humains. Nous construisons une représentation individuelle du monde et de nos multiples interactions. Notre prisme subjectif peut ainsi amplifier ou déformer nos perceptions et nos croyances. Ce nouvel éclairage centré sur l’humain soulève des enjeux multiples.
Les sciences cognitives permettent en effet d’intégrer nos modes de représentations mentales pour adapter les stratégies d’innovation ou marketing à l’humain. Dès la conception produit, mais également pour le développement et la commercialisation, une meilleure compréhension de l’humain constitue un levier stratégique pour intégrer l’humain et ses biais cognitifs. Les neurosciences offrent également de nouveaux outils permettant de décrypter l’humain et d’objectiver les émotions et ressentis des clients pour mieux cerner leurs besoins. En effet, les émotions colorent tout jugement et toute prise de décision et sont un déterminant de l’acte d’achat.
La prise en compte des émotions et des biais cognitifs dans les dynamiques relationnelles a également permis de transformer la vision du management et des ressources humaines. En adaptant le monde du travail à notre fonctionnement, les sciences cognitives peuvent proposer un nouvel éclairage des méthodes de management. Le travail est aujourd’hui de plus en plus complexe en termes de problématiques, riche en termes d’interactions et de modes de collaboration, dynamique en termes d’environnement et de transformations. Et pourtant, nous ne cessons d’exiger de plus en plus de nos collaborateurs, de nos équipes, de nos organisations en termes de performance et d’autonomie. Au-delà des compétences techniques et des expertises de plus en plus exigeantes, l’avènement des « soft skills » offre une place forte à la flexibilité, la créativité, l’intelligence émotionnelle, ou encore l’esprit critique. Les sciences cognitives peuvent alors apporter un grand soutien pour développer ses compétences sociales et adapter les stratégies organisationnelles, managériales et de recrutement au fonctionnement humain.
Face à l’évolution rapide du monde du travail, la conduite du changement peut également bénéficier des clés issues des sciences cognitives pour aborder les transformations de façon plus sereine et efficace. Les sciences cognitives permettent de mieux comprendre l’humain pour rendre les collaborateurs acteurs du changement et créer les bonnes conditions pour mieux déployer la transformation. L’approche cognitive du changement et de la stratégie d’entreprise permet d’accompagner les organisations et les équipes vers l’engagement, l’appropriation et l’adoption des transformations. Les sciences cognitives peuvent également éclairer la stratégie d’entreprise et fournir des outils en amont et en soutien des décisions stratégiques.
Enfin, les sciences cognitives explorent une problématique récente : la qualité de vie au travail. Au-delà d’un système de productivité maximale visant la performance et la compétition, une place est désormais accordée au bien être des collaborateurs. Les collaborateurs sont plus performants quand les conditions de travail sont adaptées à leur fonctionnement cognitif et leurs ressources. Les sciences cognitives apportent des enseignements concernant le stress, la fatigue, la concentration, l’engagement, la motivation, la charge cognitive des collaborateurs. L’objectif est désormais d’allier la performance au bien être des employés et d’adapter les postes et conditions de travail au fonctionnement humain.
Enjeux et limites
« Les sciences cognitives offrent l’opportunité d’un nouveau prisme pour aborder les problématiques d’entreprise »
Face à la complexité croissante des problèmes rencontrés, qu’ils soient stratégiques, sociaux ou techniques, aucune solution unique ou baguette magique ne peut exister. Pour autant, les sciences cognitives proposent une approche pluridisciplinaire centrée sur l’humain intéressante pour l’entreprise.
Concrètement, les enjeux sont multiples. Les sciences cognitives permettent de déployer une démarche scientifique constructive visant à proposer une nouvelle vision de l’entreprise et de ses problématiques. Le premier intérêt réside donc dans l’approche scientifique basée sur des évidences empiriques et des méthodologies tirées de la recherche scientifique. Pour autant, le scientisme est un écueil à éviter. La science est complexe et ses résultats parfois difficiles à appliquer en entreprise. Tout l’enjeu de NewBrain réside dans la tentative d’appliquer sur le terrain des outils et concepts transférables dans la pratique. Avec une bonne dose de prudence, de rigueur scientifique, d’éthique, couplée à un soupçon d’innovation pédagogique et d’esprit critique, les sciences cognitives offrent l’opportunité de faire évoluer les pratiques et d’inspirer une nouvelle vision de l’entreprise centrée sur le fonctionnement humain. Pour cela, il faut garder en tête qu’il n’existe aucune solution toute faite. A chaque problématique, il existe des enjeux, des méthodes adaptées et leurs limites, les sciences cognitives proposent alors de déployer une démarche scientifique adaptée pour questionner les pratiques. Les sciences cognitives se présentent donc comme un outil stratégique, désormais à la disposition des entreprises.
Le second intérêt des sciences cognitives est son approche pluridisciplinaire. Un prisme unique focalise son attention sur une dimension des problématiques et réduit drastiquement nos chances de circonscrire objectivement la situation et de prendre de bonnes décisions. N’importe quelle hypothèse ou concept peut être validé si la démarche de réflexion initiale est biaisée. Tout l’intérêt de l’approche par les sciences cognitives est de multiplier les angles d’approche (neurosciences, philosophie, psychologie, anthropologie…) pour prendre du recul sur les problématiques et considérer l’ensemble des hypothèses et interprétations. Cette approche multiple est d’autant plus cruciale face à des enjeux stratégiques et à la complexité des situations.
Le dernier point que nous soulèverons ici réside dans les enjeux et limites à l’utilisation des neurotechnologies en entreprise. L’intelligence artificielle pourrait nous aider à être plus productif. Les neurotechnologies, ou « BrainTech », offrent l’opportunité de mieux décrypter l’humain (ressources cognitives, stress, charge mentale, émotions, perception…). A nouveau, il convient de découvrir le potentiel et les limites de chacun de ces outils et technologies et leur intérêt pour chaque problématique. Face aux nombreuses questions à soulever, les neurosciences peuvent constituer une réponse et la braintech s’avérer être un outil pertinent… ou pas. Pour rappel, ces nouvelles technologies se basent sur des recherches fondamentales en neurosciences. C’est un domaine grandissant et prometteur dont le nombre de brevets ne cessent de s’accroître. Comme toujours, face au fort potentiel, la même rigueur scientifique et prudence éthique est de mise. La limite se trouve comme toujours dans l’utilisation et les promesses faites (voir notre article « Sciences cognitives & Technologies : Décrypter l’humain – Promesses et limites»). La peur de la technologie et de l’intelligence artificielle est légitime. Dans ce sens, il est opportun de développer l’esprit critique pour être à même d’évaluer la crédibilité d’une approche ou d’un outil. Pour autant, il convient de démystifier la technologie. De nouveaux outils existent pour objectiver les comportements humains et élargir le champ méthodologique des possibles pour l’entreprise. Comme le dit Aurélie Jean, il n’y a « pas à être technophile ou technolâtre, juste être techno-réaliste». Il ne faut pas avoir peur des technologies mais plutôt savoir quoi en faire. Pour cela, un accompagnement par des experts et une réflexion constructive sont nécessaires.
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